Dès la fin des années quarante, Lucien Romani s'était rapproché de l'Institut Aérotechnique (IAT) de Saint-Cyr l'Ecole (Yvelines) où mon père travaillait (vue aérienne des lieux de nos jours).
Vue générale de l'Institut AéroTechnique de Saint-Cyr l'Ecole vers 1931-1932.
Vue aérienne de l'IAT vers 1931-1932.
Cette petite station de recherche sur l'énergie du vent avait deux objets :
- Tester des aérogénérateurs.
- Mettre au point de moyens de mesure des performance du futur aérogénérateur de Nogent-le-Roi ce qui supposait des recherches sur la structure de l'air en mouvement.
Plusieurs modéles de petites éoliennes y furent testées sur des pylônes métalliques. Le dernier exemplaire fut l'aérogénérateur BEST-Romani de 10 KVA.
On n'y testait pas que des éoliennes :
- l'anémomètre CDC - Ailleret trônait en haut du plus haut des trois pylônes témoignant ainsi de l'intérêt que le Polytechnicien Pierre Ailleret portait à l'étude des vents bien avant de prendre la Direction des Etudes et Recherches d'Electricité de France (il existe une salle Pierre Ailleret à EDF R&D à Clamart).
- l'anémomètre Romani dont le capteur était un cylindre vertival strié lié mécaniquement à une balance équipé de jauges de contrainte introduites dans un circuit électrique de type "pont de Wheatstone".
- des anémomètres à coupelle bon marché comptabilisant le nombre de tours du système papillon. Ces anémomètres furent distribués à des volontaires complaisants : instituteurs, secrétaires de mairie, etc... qui acceptaient de consacrer une partie de leur temps pour effectuer les relevés (la plupart, étaient déjà équipés de mini-stations météo et tranmettaient leurs mesures à l'Office National Météorologique à Trappes).
La station de recherche servit également à la mise au point de jauges de mesure couplées à des enregistreurs utilisant la méthode de Poggendorff (mesure par opposition).
Ces appareils nécessitaient des contrôles, des mises au point ou des étalonnages soit dans l'enceinte de la station elle-même soit dans la soufflerie de l'Institut Aérotechnique voisin.
Le premier janvier 1955 mon père était recruté par le BEST et ses premières missions furent la surveillance de cet aérogénérateur et des appareils de mesure dont il effectuait les relevés quotidiens.
Des modèles dérivés de l'aérogénérateur expérimental BEST-Romani (10 KVA) furent produits par la société Aérowatt et équipèrent le Service des Phares et Balises ainsi que les stations météo de Paul-Emile Victor en Terre-Adélie. Il existe un doute sur les liens entre le BEST et Aérowatt. Selon André Argand, Chef de la Division Energie du Vent à la Direction des Etudes et Recherches d'EDF, Aérowatt aurait été une filiale du Commissariat à l'Energie Atomique et le BEST y aurait eu une participation. Cette affirmation n'a cependant pas pu être recoupée. Le fait est que, lorsque des éoliennes d'Aérowatt connaissaient des problèmes techniques, se sont souvent les ingénieurs et techniciens du BEST qui intervenaient (phare des Septs Iles, au large de Ploumanac'h, notamment).
La société Aérowatt a été rachetée par la Société Vergnet SA de Marc Vergnet qui fabrique et commercialise encore des éoliennes sous cette marque.