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Le 12 avril 1962, l'hélice initiale fût démontée pour être remplacée par une hélice fine et plus rapide dans le but de supprimer un train d'engrenages. Pierre Jean Cavey avait quitté le BEST le 30 avril 1960 pour prendre la direction de l'usine Flambo de Nogent-le-Roi mais il continuait à visiter la station de temps à autre pour y rencontrer son successeur Marc Leguillette. Nous n'avons aucune documentation écrite ni aucune photographie de cette période et il faut donc se fier à la mémoire. L'année même du changement d'hélice, au cours d'un essai, une des pales s'est rompue par fatigue mécanique à la suite de vibrations autoentretenues. Par chance l'éolienne était orientée de telle manière que la pale désolidarisée alla faucher un champ voisin sans faire de victime. Ce type d'accident est assez classique dans l'histoire des aérogénérateurs de grande puissance. La première hélice avait une vitesse linéaire nominale en extrémité de pale voisine de Mach 0,3. La suivante atteignait Mach 0.45. A cette vitesse le risque majeur est que l'hélice entre en résonance. L'arrêt d'urgence de la machine est la seule solution à condition d'en avoir le temps. De même les essais d'hélices à pas variable, plus fragiles, se sont tous soldés par une perte de pale et la destruction de l'engin. Selon Lucien Romani, la limite raisonnable de la vitesse en bout de pale est d'environ 100 m/s soit 360 Km/h (Mach 0,3). Comme le dit la comptine : Meunier tu dors Mais l'éolienne de Nogent-le-Roi était robuste. Alors que la perte d'une pale sur une hélice en mouvement avait, partout ailleurs, provoqué la destruction de l'éolienne en raison des dommages causés tant au générateur qu'à la superstructure, celle de Nogent tint le coup. Le BEST et EDF étudièrent la possibilité de la remettre en service. Dans la revue « Les Cahiers de l'Iroise », publiée chez Yves Peslin, André Argand témoigne : « J'ai même acheté pour Electricité de France, 4 hectares près de Trémazan (en Landunvez) dans le but d'y transporter un immense moulin à vent d'essais, débitant directement sur le réseau général électrique, précédemment installé près de Chartres ». Mais le projet fut rapidement abandonné. Le coût très bas du pétrole lui donnait, à l'époque, une supériorité économique indéniable sur les énergies renouvelables. L'énergie nucléaire commençait à poindre et mobilisait tous les esprits à la Direction des Etudes et Recherches d'EDF d'autant plus que la COGEMA exploitait vers Limoges un gisement d'uranium qui laissait espérer une ressource indigène appréciable et une réduction du coût des importations énergétiques. Pierre Ailleret s'apprêtait à prendre sa retraite et son successeur ne se passionnait guère pour l'énergie éolienne. Il fut cependant question de démonter l'aérogénérateur pour le réinstaller à Saint-Pierre-et-Miquelon. Cette nouvelle vie n'eût pas de suite en raison de la distance entre ce Territoire d'Outre-mer et la Métropole qui excluait tout suivi régulier tant par EDF que par le BEST. Restée à l'abandon durant trois ans, au printemps 1966, l'éolienne était finalement livrée aux ferrailleurs et le champ restitué à son propriétaire, l'agriculteur de Vaubrun. Les photographies ci-dessous ont été prises par Pierre Jean Cavey le 21 mai 1966. Certaines d'entre elles permettent de voir l'équipement embarqué dans la nacelle et le pivot.
(Cliquez sur les photos pour les voir à leur taille réelle).
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